Entretien avec Cathy Macharis, professeur de mobilité, sur la mobilité post-corona, le rôle du covoiturage et le super pouvoir qu'elle aimerait avoir !
Si nous sommes autorisés à voyager à nouveau, où iras-tu en premier ?
"Pas si loin. Je n'ai pas l'impression d'être enfermé en Belgique. Je profite de la nature dans notre pays et cela restera après cette crise. Je me sens enfermé parce que je ne peux pas faire librement toutes les activités que je voudrais faire. Mais les voyages, ça ne me manque pas en soi."
Quel superpouvoir aimeriez-vous avoir ?
"Le superpouvoir d'arrêter la crise climatique. D'absorber toutes les émissions excessives de CO2 pour pouvoir repartir sur de bonnes bases. Pour préserver la biodiversité et la nature pour mes enfants et les personnes qui nous suivront."
Avec quelle célébrité ou personne célèbre (morte ou vivante) aimeriez-vous prendre un café (ou une bière) ? Et pourquoi ?
"Avec Gandhi. Ce sera plutôt un thé alors ;-) !
J'aimerais lui parler de la non-violence active, de la révolution, de la patience et de la persévérance. Aujourd'hui encore, nous avons besoin d'une révolution, d'un revirement complet, mais d'une révolution qui nous permette d'amener le plus grand nombre de personnes possible à nous rejoindre pour une société climatiquement neutre. Et cela demande de la patience, mais nous n'avons plus beaucoup de temps, donc il faut aussi agir. Je trouve que c'est un équilibre difficile à trouver.
Alors oui, une tasse de thé avec Gandhi serait utile".
Avec l'arrivée du vaccin COVID, nous avons tous le sentiment qu'il y a enfin de la lumière au bout du tunnel. Comment pensez-vous que la mobilité va reprendre ? Reviendrons-nous aux jours d'avant les vaccins COVID ou y aura-t-il un changement majeur dans notre comportement de mobilité ?
"Je suis sûr qu'une partie des acquis et des leçons que nous avons tirés de la mobilité resteront. Le télétravail et les téléconférences ont eu un impact considérable sur notre façon de travailler, mais aussi sur les déplacements quotidiens. Et déjà, je vois des entreprises libérer des espaces de bureaux parce qu'elles savent qu'elles ne reviendront jamais à un régime où chaque employé doit être présent tous les jours de la semaine.
Nous avons également constaté une augmentation considérable du nombre de cyclistes. Pour Bruxelles, nous parlons d'une augmentation de 60 %. Ce phénomène va également se maintenir à un niveau élevé. Certainement si la politique suit en investissant dans des pistes cyclables sécurisées. Pour les transports publics, la crise du covoiturage a été un cauchemar. Cependant, je pense que si le risque sanitaire disparaît, les gens reviendront. On le voit déjà aujourd'hui dans les données des opérateurs de transport public. Une fois que les gens reviennent, ils continuent à l'utiliser. La même chose s'est produite après les attentats de 2016.
Dans l'ensemble, je pense que le covid a créé des changements dans la vie qui vont durer."
Où se situent, selon vous, les plus grands défis de la mobilité dans les années à venir ?
"Le plus grand défi viendra du passage de la possession d'une voiture à la vision de la mobilité comme un service. Nous devrons commencer à partager beaucoup plus les véhicules pour rendre la mobilité durable. Cela permettra d'avoir moins de voitures, plus d'espace dans les villes, et un passage aux modes plus environnementaux quand c'est possible.
Le partage des trajets fait partie de cette transition. C'est un grand défi, car il faut avoir confiance. La confiance dans le fait que vous trouverez toujours un bon moyen de vous rendre à votre destination. La confiance envers les autres également. Cette transition vers le partage est très importante, notamment à la lumière des véhicules autonomes. Si ces derniers ne sont pas partagés, nous avons raté l'énorme opportunité d'aller vers un système de mobilité durable."
Quelles sont les tendances ou les évolutions de la mobilité que vous attendez le plus ?
"J'attends avec impatience une mobilité plus calme bien qu'active, donc plus de place et d'attention pour la marche et le vélo. Des limites de vitesse plus basses. Les villes deviendront des lieux plus vivables.
Si je peux encore rêver à ce qui pourrait devenir une réalité : Les voitures seront partagées et les transports publics constitueront une colonne vertébrale fiable pour l'ensemble du système de mobilité. À long terme, les véhicules partagés, connectés et électriques autonomes permettront de réduire encore le nombre de voitures. Ils se connecteront également pour les plus longues distances au système ferroviaire."
Quel rôle voyez-vous pour jive, ou le covoiturage en général, dans le paysage de la mobilité ?
"Je vois le covoiturage comme une pièce importante du puzzle. Comme je l'ai dit, le partage sera la clé. Le covoiturage et l'autopartage. Et certainement un covoiturage au sens original non commercial du terme. Il s'agira également d'une étape importante vers la mobilité en tant que service en donnant aux gens la certitude qu'ils trouveront toujours un moyen de se rendre à leur destination.
S'il y a tant d'options, pourquoi continuer à avoir sa propre voiture ?"
Avez-vous des commentaires finaux, des remarques ou des pensées que vous aimeriez partager avec nous ou nos amis ? Ou faire la promotion de votre nouveau livre ?
"Merci ! Oui, bonne idée ! En effet, j'ai écrit un livre sur l'avenir du système de mobilité. Il est écrit en néerlandais et doit vraiment être lu par tout le monde ;-) ! Je vous promets qu'il ne sera pas ennuyeux !
Et oui, nous pouvons atteindre les objectifs climatiques : il suffit de lire le livre et vous verrez comment !"
Cette interview était la première d'une série d'entretiens. Chaque mois, nous demanderons à quelqu'un de partager ses difficultés en matière de mobilité (partagée).
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